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(Young Turks / Beggars)
25/05/2010
Krautrock 2.0
Leur précédent disque démarrait en trombes avec une énorme tuerie live (« Super Inuit », d’ailleurs repris plus tard par Foals sur un split 45-T entre les deux groupes). Ce troisième album commence, lui, par un premier morceau/intro shoegasé comme au bon vieux temps de My Bloody Valentine. Sans doute un symbole. Parce qu’autant le dire tout de suite, « Latin » (tiens, ils ont suivi le conseil qu’on leur donnait dans la chro du « LP« ?) est un poil moins efficace –au sens pop du terme- que son prédécesseur: moins catchy, moins frais, moins fun. Mais pas forcément moins bon, hein, ça dépend juste des attentes de chacun.
De fait , sur le fond, Holy Fuck n’a pas foncièrement changé. On virevolte toujours quelque part entre un Caribou plus testostéroné et un Battles sans guitares. Beaucoup ont par conséquent voulu ranger le groupe dans le post-rock mais, comme en atteste leur présence au tracklisting d’un Tribute à Neu!, c’est plutôt dans un krautrock 2.0 qu’on pourrait éventuellement essayer de les classer. Quoi qu’il en soit, les Canadiens empilent toujours les grooves, détournent les codes et malmènent vicieusement leurs vieux claviers analogiques, pourtant les mélodies habituellement si immédiates et évidentes semblent avoir ici plus de mal à se faire entendre. Il reste bien évidemment quelques jolies ritournelles qui expliquent un peu mieux l’engouement de Thom Yorke pour Holy Fuck (il leur a demandé un remix après les avoir programmés dans une émission de radio dont il avait les commandes). La montée majestueuse des cuivres trafiqués de « Stay Lit » aurait par exemple toute sa place sur les albums les plus electro de Radiohead.
« Red Lights » est le seul morceau qui devrait faire bouger les culs en cadence avec son énorme ligne de basse funky, sinon l’essentiel de l’album explore plutôt le versant noisy du psychédélisme –et vous fera donc gesticuler dans tous les sens, sans aucune logique. L’orgasmique orgie sonore de « P.I.G.S » devrait ainsi plaire à Marvin et à ses fans, tandis que les chœurs noyés dans la réverb’ de « SHT MTN » ou « Lucky » vous transporteront dans un Ether lysergique.
Rythmiquement, en revanche, c’est toujours heureusement déconseillé aux cardiaques et aux épileptiques. Parce que ça s’emballe souvent pour ne plus jamais redescendre. Ecoutez par exemple la cavalcade infernale de « Stiletos ». Si vous n’êtes pas en sueurs à la fin de ces 3’54’’, haletant comme un vieux clebs essoufflé, le poing rageur néanmoins en l’air, c’est que vous êtes probablement déjà mort. Même topo pour « Silva & Grimes », bien qu’il démarre plus doucement.
Finalement, « Latin » nécessitera peut-être trois petites écoutes –quand « LP » n’en demandait qu’une seule- pour affirmer que ce disque retourne méchamment la tête. Un moindre mal, donc.
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